Un grand sculpteur
Antonio Canova

 


Antonio Canova est né à Possagno (Treviso) le premier novembre 1757. Il fut élevé dans la maison de son grand-père Pasino Canova, tailleur de pierre et sculpteur local. Il démontre très jeune un talent naturel pour la sculpture. Giovanni Falier, noble vénitien, se rend compte des capacités artistiques du jeune Antonio et l'aidera à poursuivre ses études et sa formation professionnelle. En 1768 Canova commence à travailler auprès des sculpteurs Toretti à Pagnano d'Asolo : un vrai laboratoire artistique. A Venise Canova fréquente l'Ecole de Nue à l'Académie des Beaux Arts et étudie le dessin en reproduisant les calques en plâtre de la collection de Filippo Farsetti. Il ouvre son propre atelier où il réalise ses premières oeuvres "Orphée et Euridice" (1776) et le groupe "Dédale et Icare" (1779). En 1779 Canova entreprend son premier voyage à Rome où plus tard il réalisera ses oeuvres les plus importantes (des"Trois Grâces" à "Amour et Psiché", les monuments aux Papes"Clément XIII" et "Clément XIV", le monument funéraire à "Marie-Christine d'Autriche" et les nombreuses statues de personnages mythologiques comme "Vénus et "Mars, "Persée vainqueur de la Méduse", "Hector" et "Ajax". Il travaille pour les souverains, les princes, les papes, et les emperereurs du monde entier. A ses débuts à Rome il est l'hôte de l'ambassadeur vénitien Gerolamo Zulian au Palais Venise. Celui-ci lui procure les premières commandes, en premier lieu "Thésée et le Minautore" (1781) er "Psiché" (1793). Sa renommée grandit en Italie et à l'étranger et il continue de recevoir des commandes de plus en plus importantes, venant des 4 coins d'Europe. Quand les français occupent Rome en 1798, l'artiste préfère quitter la ville et retourner à Possagno où pendant 2 ans il se dédie à la peinture en réalisant presque tous les tableaux à huile et détrempes que l'on peut admirer à l'intérieur de sa maison natale. En 1800 il retourne à Rome où la situation s'est stabilisée; son demi-frère Giovanni Battista Sartori l'accompagne, celui-ci restera auprès de l'artiste jusqu'à sa mort. L'arrivée de Napoléon sur la scène politique européenne en 1804 ouvre une période artistique très féconde pour Canova (du marbre de Napoléon, qui se trouve à la Apsley House, aux bustes faits aux membres de la famille de l'Empereur tel que celui de sa mère, Letizia Ramolino ou celui de sa célèbre soeur Paolina Borghese). En 1815 juste après la défaite de Waterloo, Canova et son demi-frère Giovanni Sartori sont envoyés en mission diplomatique à Paris pour récupérer et ramener en Italie les nombreuses oeuvres d'art que Napoléon avait dérobé. Pour remercier l'artiste du contribut qu'il apporta en défense de l'art italien le Pape Pie VII confère à Canova le titre nobiliaire de Marquis de Ischia et une pension à vie que celui-ci se chargera de verser à certaines Académies d'Art en soutien à des artistes en difficulté. En juillet 1819 Canova retourne à Possagno pour poser la première pierre du Temple qu'il finance et qui deviendra la Paroisse du village. Cette oeuvre sera terminée dix ans plus tard, après sa mort le 13 octobre 1822 à Venise. Respectant la volonté de son demi-frère, la tombe de Canova sera mise à l'intérieur du temple.

le Tiempo Canoviano où est enterré Canova et Giovanni Sartori


Le musée et la Gypsothèque


Les parties principales sont trois, nous avons la Salle Basilicale réalisée par l'architecte vénitien Francesco Lazzari; la Salle Scarpa de l'architecte contemporain Carlo Scarpa projetée en 1957 et la Pinacothèque à l'intérieur de la Maison Natale où se touve aussi le mobilier et les objets appartenus à Canova. Giovanni Battista Sartori, son demi-frère (1775-1858) fit construire la Gypsothèque pour y exposer tous les modèles en plâtre qui se trouvaient dans l'Atelier romain de l'artiste qui fut fermé en 1826. Les oeuvres furent transportées sur des charettes traînées par des boeufs et aussi par la mer, sur des bateaux. Des semaines furent nécessaires pour que les oeuvres arrivent à Possagno. En 1853, la Gypsothèque et la Maison Natale furent cédées, par Giovanni Sartori, à la Municipalité de Possagno qui dut respecter les conditions testamentaires établies par le demi-frère.
En 1918, pendant la première Guerre Mondiale, une grenade détruit le toit de la Gypsothèque: grand nombres de statues seront gravement abîmées. Deux artistes de Possagno, Stefano et Sino Serafin, se chargeront de l'oeuvre de restauration avec beaucoup de professionalité (une plaque en pierre au-dessus de l'entrée de la Gypsothèque commémore ces deux artistes. Dans le musée sont conservées la plupart des oeuvres en plâtre (gypsothèque provient du grec ancien et signifie collection de plâtres) ; certaines statues en marbre; des ébauches en crête,argile et cire, des peintures à l'huile et des détrempes sur papier.A l'intérieur de la maison, on peut voir certains instruments de travail du sculpteur, des effets personnels et la série de gravure que l'artiste a réalisée. En tout 156 oeuvres dont 26 bas-reliefs, 24 ébauches en argile et 10 marbres.. L'ensemble de l'édifice est embelli par un jardin typiquement italien, dont une partie ornée de fleurs et l'autre au sud, plantée d'arbres fruitiers. Un beau portail en fer forgé sépare le jardin du parc et l'on peut également admirer deux pins maritimes, qui dit-on ont été planté par Canova. La maison garde encore son aspect originel avec ses formes belles et simples, datées de 1700.

Comment travaillait Canova

La Gypsothèque offre au public le parcours créatif complet de l'artiste en commençant par le dessin ou croquis, première étape, puis l'ébauche en argile, terre cuite ou cire, pour obtenir une vision concrète de l'oeuvre. La phase suivante comprenait la réalisation grandeur nature de la statue en argile sur laquelle était coulé le plâtre pour créer le "moule". Du moule on réalisait le modèle en plâtre sur lequel était placés des petits clous en bronze "repères qui servaient à reporter avec l'aide d'un pantographe, les mesures exactes sur le marbre. Canova dans cette deuxième phase était aidé par certains collaborateurs. Soit dans le modèle en plâtre que dans le marbre fini, Canova cherchait toujours à atteindre la perfection plastique.

Les peintures

Se considérant comme un peintre amateur peignant pour son seul plaisir, il s'adonne à cette activité principalement entre 1780 et 1799. Selon l'un de ses biographes, Giuseppe Pavanello, ses peintures de nus féminins lui servaient à mettre au point ses propres canons de la beauté féminine. L'une d'elle, la Vénus au miroir peinte dans le style du Quattrocentro vénitien fut vendue par Canova comme une oeuvre authentique de la Renaissance. Une série de vingt-deux toiles monochromes, traitant le thème d'Hercule lançant des flèches sur ses propres enfants se trouve rassemblée dans sa maison natale à Possagno. Une autre toile traitant le même sujet, et conservée au Museo Civico de Bassano fait preuve d'une fracture fougeuse et d'un puissant sens dramatique pour traiter le thème de la mort qui tranche avec sa production habituelle, élégiaque et mélancolique.

Cet artiste se distingue par la pureté des contours, l'élégance des formes, la sagesse de la composition, l'expression des physionomies, l'habileté à donner au marbre le poli et le moelleux de la nature vivante ; quelques-uns lui refusent la vigueur et l'originalité.